J'aime les panoramas

Le livre auquel est consacré cet article n'est pas une nouveauté mais il est essentiel pour quiconque s’intéresse à l’image panoramique. Il s’agit du catalogue de l’exposition « J’aime les panoramas. S’approprier le monde » qui s’est tenue au musée Rath (Musées d'art et d'histoire) à Genève et au MuCEM à Marseille en 2015 et 2016. Cet ouvrage de 250 pages, coédité avec Flammarion, a été publié sous la direction de Laurence Madeline et Jean-Roch Bouiller. En 2017 il est toujours disponible et n’importe quelle bonne librairie peut vous le commander en échange d'une quarantaine d’euros.

Couverture du catalogue de l'exposition « J'aime les panoramas »
Catalogue de l'exposition
« J'aime les panoramas »
Malgré un format et des choix de maquette quelque peu déroutants, ce livre passionnant est une très précieuse source documentaire et iconographique. Tout amateur de « panoramisme » photographique (pour la définition, voir le billet de présentation du blog) y trouvera une riche matière, susceptible de nourrir sa réflexion et le cas échéant sa pratique. L'ouvrage propose une dizaine d’articles et plus de deux cents illustrations et reproductions d’œuvres (peintures, gravures, photos, cartes postales, leporellos, installations…) organisés en six chapitres : le dispositif panoramique, le panorama comme relevé, la construction du point de vue, le panorama comme récit, le panorama comme substitut, l'homme face au grand paysage, qui reprennent les axes thématiques de l'exposition. Parmi les nombreux sujets abordés, on notera par exemple la part belle faite aux panoramas peints depuis leur invention à la fin du XVIIIe siècle, ou en quoi ces attractions étaient porteuses de modernité et annonciatrices des bouleversement du XXe siècle. Un article montre comment le point de vue panoramique, qui trouve son origine dans la peinture de la Renaissance, s'est peu à peu construit au fil des siècles. Un autre aborde la question du panorama et de l'horizon en comparant conceptions occidentale et chinoise du paysage... Tout ceci est abondamment illustré, quelques dépliants permettant de profiter pleinement de certaines œuvres : de Gustave Courbet à David Hockney, de Vincent Van Gogh à Roy Liechtenstein, de Louis Daguerre à Andreas Gursky, d'E. O. Goldbeck à Jeff Wall... Cette liste non exhaustive témoigne du grand éclectisme des concepteurs de l'exposition. Une solide bibliographie, organisée par thématiques, conclut enfin l'ouvrage.

Panorama des Alpes de Gustave Courbet
Gustave Courbet, Panorama des Alpes, vers 1876
© photo : Bettina Jacot-Descombes, Musées d’art et d’histoire de Genève

Photo panoramique d'E. O. Goldbeck montant des jeunes filles tenant une photo panoramique de la ville de San Antonio au Texas
Jeunes filles montrant une impression panoramique de San Antonio, vers 1920, E. O. Goldbeck

Un dossier pédagogique en PDF proposé par le MuCEM donne une petite idée des contenus et des images de l'exposition ainsi que de l'ouvrage. Voici également quelques visuels de l'exposition ainsi qu'un flyer en français, anglais et allemand mis en ligne par le musée Rath de Genève.

Les panoramas peints
Le panorama peint a été inventé à la fin du XVIIIe siècle par Robert Barker. Il s'agissait d'une rotonde dont le mur périphérique offrait aux spectateurs, installés en son centre, une vision à 360° d'une scène ou d'un paysage peints. La visite virtuelle d'avant le numérique en quelque sorte. Les panoramas ont connu un fort engouement en Europe tout au long du XIXe siècle avant d'être supplantés par d'autres formes d'attractions en particulier le cinématographe. Avec les panoramas (ainsi que les dioramas peints inventés par Louis Daguerre) la peinture devient spectacle et on peut voir là sans doute les prémices de l'industrie du divertissement du siècle à venir. À Paris, les amateurs se pressaient par dizaines de milliers chaque année pour les admirer. Les panoramas parisiens ont aujourd'hui tous disparu mais la capitale en garde quelques stigmates avec le passage des panoramas (2e arr.) ou encore le théâtre du Rond-Point près des Champs-Élysées (8e arr.). La page Wikipédia consacrée au panorama donne la liste de ceux encore visibles en Europe comme par exemple le panorama Bourbaki à Lucerne en Suisse que l'on peut découvrir entièrement grâce à cette visite virtuelle : Panorama Bourbaki. Dans un tout autre genre, à noter le controversé panorama XXL de Rouen, création moderne qui accueille les œuvres monumentales de Yadegar Asisi. Enfin, l'International Panorama Council recense dans sa base de données toutes sortes de panoramas et assimilés dans le monde entier.

Pour finir, signalons que le titre de l'exposition était inspiré d'une réplique tirée du film de Michel Hazanavicius sorti en 2006, OSS 117 : Le Caire, nid d'espions, avec Jean Dujardin dans le rôle du James Bond franchouillard.


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