Interview de la photographe Héloïse Vinot

Héloïse Vinot a parcouru le monde pendant un an avec pour seul équipement un sac à dos et un appareil photo. De ce long périple, qui l’a menée du nord au sud du continent américain, en Nouvelle-Zélande et en Asie, elle a rapporté de nombreuses images. Une première exposition de photographies panoramiques consacrée à l’Altiplano bolivien est présentée jusqu’au 3 mars 2020 dans les murs de L’Escalier, un tiers-lieu situé à Saint-Léonard-de-Noblat en Haute-Vienne. Rencontre avec la photographe.

© Héloïse Vinot

Vous exposez actuellement plusieurs série de photos à L’Escalier dont une consacrée à l’Altiplano. Pouvez vous nous en dire plus ?
Ce séjour sur l’Altiplano s’inscrit dans le cadre d’un tour du monde d’un an que j’ai effectué en 2016. Je suis allée aux États-Unis et au Canada puis en Amérique du Sud, en Nouvelle-Zélande, en Chine, au Vietnam et au Cambodge. Je me suis beaucoup déplacée en auto-stop, en bus, en train et j’avais mon matériel photo avec moi. Un petit reflex, un trépied et 2 objectifs. Les photos de cette exposition ont été prises au cours d’un trajet de 3 jours en 4X4 entre le désert de sel d’Uyuni en Bolivie et celui de San Pedro de Atacama au Chili. L’altitude est d'environ 3800 mètres, il y a très peu d’habitants, quelques villages isolés, de petits hôtels pour accueillir les touristes. Les nuits sont glaciales. Et les paysage sont incroyables !

Quelques mots sur L’Escalier ?
C’est un espace de coworking avec différentes salles de travail, un café associatif, un espace d’exposition... Il est situé sur la commune de Saint-Léonard-de-Noblat à une vingtaine de kilomètres de Limoges. L’exposition s’y tient jusqu’au 3 mars 2020 avec un vernissage prévu le samedi 22 février à 17h30.

© Héloïse Vinot

Pourquoi ce titre « L’altiplano entre mirage et réalité » ?
Plusieurs personnes se sont interrogées en me disant que mes photos ressemblaient presque à de la peinture. Ces images questionnent les visiteurs. Dans certaines, on est perdu, on ne sait pas trop dans quel sens les regarder. Et le ciel a autant d’importance que la terre, à plus de 3000 mètres d’altitude, on est vraiment entre les deux. J’ai donc voulu jouer avec le ciel, la réflexion des nuages sur le désert de sel. J’ai parfois eu de la chance, je m’en suis rendue compte après coup mais j’étais là au bon moment pour capter ce ciel et ces nuages incroyables. Comme cette photo avec des flamants roses, un volcan et un gros nuage positionné exactement au-dessus comme s’il crachait sa fumée. Une amie photographe m’a dit que le « ciel était avec moi sur cette série ».

Ces paysages uniques semblent vous avoir marquée.
J’ai voulu mettre la nature au centre, avec très peu de personnages, et transmettre cette immensité du paysage. Pendant ce trajet, je faisais partie d'un groupe avec un guide, il y avait plusieurs 4x4, des touristes autour de moi mais je me suis débrouillée pour cadrer uniquement les paysages naturels. Je voulais qu’en regardant ces images, on se mette en contemplation, un peu comme je l’étais moi-même quand j’étais sur place, touchée par la magie des lieux. Je l'ai vécu comme une forme de méditation. Finalement, au cours de ce voyage, j’ai appris à regarder différemment, c’est un peu ça que j’ai eu envie de transmettre.

© Héloïse Vinot

Pourquoi avoir choisi le format panoramique ?
Les images panoramiques, je ne les avais pas anticipées au moment de la prise de vue mais c’est un format que j’aime beaucoup et que j’utilise régulièrement depuis un moment déjà, surtout en paysage. Au début, j’utilisais la fonction d’assemblage automatique des appareils numériques mais c’est compliqué d’avoir une image propre sans décalage. Pour cette série, j’ai utilisé uniquement un grand angle et fait du recadrage. Il n’y a pas de montage. C’est au moment du développement numérique que le format panoramique s’est imposé à moi. J’ai aussi remarqué une chose, c’est une espèce d’effet 3D des montagnes qui sont encore plus présentes avec ce format, on a l’impression que les reliefs sortent de l’image. C’était une grande surprise pour moi. Enfin je dirais que ce format permet de rendre compte de l’immensité du paysage, il ouvre le regard.

Vous avez fait le choix de la couleur.
Oui, la couleur se prête très bien à ces ambiances : le ciel très bleu, l'ocre rouge des volcans, le jaune et les teintes pastels du désert, les textures de la roche... Je fais un peu de post-traitement avec Lightroom mais je ne fais pas de retouche avec Photoshop par exemple. Les images sont finalement assez proches de ce que j’ai pu voir sur place.

© Héloïse Vinot

Quels sont vos projets ?
Je travaille sur un projet d’accompagnement sur la confiance en soi à travers l’image et je vais monter également d’autres séries sur les pays que j’ai traversés pendant mon voyage car je n’ai pas encore exploité toutes mes photos.

Propos recueillis le 5 février 2020.

Retrouvez l’actualité d’Héloïse Vinot sur son site et sa page Facebook.
L’exposition se tient à L’Escalier du 2 février au 3 mars 2020, vernissage le samedi 22 février.

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